Le mot de la FGM – avril 2024

Plus tôt cette année nous avons abordé le récent cycle de financement du Fonds Collectif pour l’équité sociale (FCES). Cette édition a permis à la FGM de soutenir plusieurs organisations venant en aide aux personnes demandeuses d’asile, réfugiées ou migrantes sans statut, à statut temporaire ou précaire dans le Grand Montréal. Pour notre équipe, cette édition du Fonds a aussi permis d’explorer différentes façons d’intégrer à nos pratiques les principes de la philanthropie basée sur la confiance et de la distribution participative. Aujourd’hui, j’aimerais partager quelques constats que nous avons tirés de cette expérience.

Grâce à l’engagement de notre équipe et à la précieuse collaboration des membres du comité aviseur participatif, nous avons pu initier des conversations honnêtes et tenter de nouvelles expériences. Ainsi, nous avons dégagé des procédés qui s’arriment avec les besoins des communautés ainsi qu’avec nos valeurs et notre mission à titre de fondation communautaire. Le recours aux principes de la philanthropie basée sur la confiance dans la mise en œuvre du FCES nous a permis d’approfondir nos relations avec les milieux communautaire, philanthropique et institutionnel de la région, incluant des organisations profondément engagées auprès des populations que nous voulions soutenir, mais que nous ne connaissions pas. Certaines étaient déjà bien établies, alors que d’autres étaient encore en émergence. Nous avons aussi eu l’occasion de faire progresser notre vision en matière de justice, équité, diversité et inclusion, en impliquant davantage ces représentant·e·s de la collectivité dans nos processus internes.

Prendre le temps

Pour déterminer les paramètres du Fonds, incluant les axes de financement à prioriser, nous avons en effet rencontré une multitude d’organisations, d’institutions et de personnes impliquées dans les services de première ligne et de défense des droits. Ces conversations ont été essentielles pour approfondir notre compréhension des enjeux et nous permettre de cartographier l’écosystème du secteur. Avec le recul, nous croyons qu’une période suffisamment longue, d’au moins quelques mois, doit être consacrée à cette phase de démarrage. Ce temps permet de créer des liens de confiance avec les interlocuteurs et interlocutrices, ainsi que d’asseoir la crédibilité de la démarche.

Plus globalement, et c’est là l’une des plus importantes leçons que nous avons apprises : l’approche de la philanthropie basée sur la confiance commande un investissement considérable en termes de temps et d’énergie, mais aussi d’empathie. De fait, les conversations approfondies que nous avons eues avec les organisations allaient plus loin que la collecte passive d’informations. Elles ont amené notre équipe à mieux comprendre l’ampleur de leur travail, de leurs défis et de leurs besoins, mais aussi la diversité, la complexité et l’intersectionnalité des enjeux vécus par ces organisations et par les personnes auxquelles elles viennent en aide. Ce bref aperçu de leurs réalités et de leurs expériences vécues comportait une charge mentale importante, que notre équipe a dû apprendre à gérer en temps réel. En privilégiant une approche moins transactionnelle et plus relationnelle (par exemple en prenant en charge la rédaction des demandes de financement), l’équipe a également choisi d’assumer une part du fardeau administratif qui incombe habituellement aux organisations.

Mettre les relations au cœur de la démarche

De façon générale, les échanges avec les organisations ont constitué, à chacune des étapes, le cœur de la démarche. Il était essentiel pour nous de nous mettre à l’écoute afin de bien comprendre, non seulement le fonctionnement de leurs initiatives, mais aussi le contexte dans lequel ces initiatives se déploient et les besoins auxquels elles aspirent à répondre. Cette meilleure compréhension de leurs réalités nous a également permis d’offrir une rétroaction individuelle à toutes les organisations qui le souhaitaient, afin de leur permettre de mieux comprendre nos décisions, mais aussi de cultiver les relations que nous avions amorcées.

Quant à lui, le mandat du comité aviseur participatif comprenait non seulement le partage d’expertise et l’évaluation des projets, mais également la prise des décisions finales quant à l’octroi des subventions, que la FGM lui a entièrement déléguée. Mais délégation ne veut pas dire abandon! Les travaux du comité ont été organisés, animés et soutenus par notre équipe. Nous avons dû trouver un équilibre entre ce partage du pouvoir et une participation active de notre part, car l’équipe de la Fondation apporte aussi une expertise particulière et une vision holistique de la démarche.

La suite des choses

L’ensemble du processus a donc été riche en enseignements, mais plusieurs préoccupations et questions demeurent. Comment mitiger la charge émotionnelle et administrative d’un tel processus pour les équipes et les bénévoles impliqué·e·s? Comment articuler les communications autour de nos initiatives afin de rejoindre les personnes et les organisations qui se situent à l’extérieur de nos réseaux habituels? Comment solliciter et inclure l’expertise de celles et ceux que l’on n’a pas l’habitude d’entendre sans trop en demander de leur part?

Mais aussi, comment réduire nos angles morts et assurer une distribution équitable des fonds disponibles? Comment structurer la participation active des membres du comité aviseur? Quelle est la composition optimale d’un tel comité? Et comment pouvons-nous soutenir les organisations n’ayant pas reçu de financement et entretenir à long terme les relations que nous avons bâties avec elles? Notre expérience nous a permis de mettre ces questions en relief, mais pas d’en identifier toutes les réponses. Ce n’est qu’un début!

Cet exercice de philanthropie basée sur la confiance fut exigeant, mais au final tout aussi enrichissant. Il s’agit d’un changement de paradigme, qui redéfinit les façons de faire des bailleurs de fonds qui s’y engagent, mais aussi l’impact communautaire et social qu’ils visent. Ce que nous espérons, c’est que les organisations ayant participé à cette démarche à nos côtés – organismes et regroupements demandeurs, membres du comité aviseur participatif, autres bailleurs – deviennent au fil du temps nos partenaires dans la mise en œuvre d’autres initiatives, contribuant ainsi à l’émergence d’un écosystème philanthropique qui met les relations humaines et les besoins de la communauté au cœur de sa démarche.

Poursuivez votre lecture pour connaître les perspectives de quelques organisations ayant participé aux processus basés sur la confiance de la Fondation.

Marie-Andrée Farmer
Directrice, Initiatives stratégiques et Partenariats communautaires
Fondation du Grand Montréal

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