Le mot de la FGM – mars 2021

À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, faisons le point sur la situation des femmes et des filles dans le Grand Montréal. Spécifiquement, examinons les données sous l’angle de l’autonomie des femmes, des avancées dont elles ont bénéficié et des obstacles systémiques qui restent à démanteler.

Au chapitre de l’éducation et de l’emploi, les femmes du Grand Montréal ont enregistré des progrès manifestes depuis les années 1990. La diplomation des femmes à l’université est en forte augmentation, au point d’avoir dépassé celle des hommes. Notre rapport Signes vitaux 2020 nous apprend aussi que le taux d’emploi chez les femmes à Montréal a grimpé de 72,4% en 2001 à 81,6% en 2019, un essor inégalé au Canada. Premier bémol toutefois, chez les femmes immigrantes ou autochtones, ce taux fluctue plutôt entre 50 et 60%. Il est donc plus précis d’affirmer que ce sont certaines femmes qui progressent, pas toutes. De profondes injustices persistent et une démarche intersectionnelle sera nécessaire pour les corriger.

Ces dernières années, on remarque aussi que plus de femmes que jamais accèdent à des postes de pouvoir dans les entreprises, se lancent en affaires ou encore en politique. Rappelons que Montréal a élu sa première mairesse en 2017 lors d’une élection historique qui a également rendu le Conseil municipal paritaire pour la première fois. Comme on dit en anglais, « representation matters ». Toutefois, la plupart des conseils d’administration et des hautes directions d’entreprises sont encore loin de la parité. Dans plusieurs secteurs, même si les femmes sont plus nombreuses dans les cohortes de diplômé.e.s et dans les postes d’entrée, elles restent plus rares dans les échelons hiérarchiques supérieurs. Au sommet de la pyramide économique, les plafonds de verre résistent encore.

Il reste du chemin à faire

S’il est légitime de se réjouir de la proportion croissante de femmes qui obtiennent un diplôme, il ne faut pas oublier que celles qui décrochent sont environ 20% plus susceptibles que leurs homologues masculins de vivre de la précarité ou du chômage. Ni que celles qui obtiennent malgré tout un emploi gagnent jusqu’à 20% moins que leurs confrères. En fait, l’équité salariale n’est pas encore atteinte de manière générale, un fossé d’environ 10% persistant encore entre les femmes et les hommes occupant des emplois équivalents.

Sachant que les femmes québécoises, en 2015, consacraient en moyenne 14,5% de leur temps aux tâches domestiques – contre 10,2% pour les hommes – cela n’est pas très surprenant. À l’inverse, ces derniers en consacraient 17,1% à leurs fonctions professionnelles, contre 12,9% pour les femmes. Immanquablement, les mères de jeunes enfants vivent ce phénomène de façon plus prononcée. Et naturellement, la pandémie n’a pas redressé la situation, bien au contraire. Non seulement plus de femmes que d’hommes ont perdu leur emploi en raison de la crise, mais c’est également sur elles qu’est retombée l’essentiel de la charge rattachée aux enfants dont les écoles ont été fermées et qui ont du se mettre à l’école à distance. Bref, encore aujourd’hui, la charge mentale et les obligations quotidiennes ne sont pas réparties équitablement.

Et à la FGM?

En somme, si de plus en plus de femmes ont la capacité de prendre leur place, les structures de pouvoir actuelles refusent encore cette chance à beaucoup d’autres. À la FGM, nous sommes engagé.e.s à intégrer les notions de justice, d’équité, de diversité et d’inclusion dans tous les aspects de notre travail, de nos règles de gouvernance interne à notre politique de placement en passant par nos critères de sélection et nos processus de subventions. L’équité entre les genres constitue un des éléments clés de cet engagement. Pour y arriver, nous mettrons les expériences des femmes et des filles au cœur de l’analyse des enjeux sur lesquels nous voulons intervenir. Parmi ces questions, on trouve la sécurité alimentaire, l’itinérance, la santé mentale ou encore les changements climatiques. Nous chercherons aussi l’apport d’organisations féministes dans la recherche de solutions innovantes à ces enjeux.

Bonne Journée internationale des droits des femmes !

Tasha Lackman
Vice-présidente, Philanthropie et Communauté
Fondation du Grand Montréal

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