Le mot de la FGM – juin 2021

Comme vous, j’ai eu le cœur brisé en apprenant l’atroce découverte d’un charnier sur le terrain d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique, où pas moins de 215 enfants autochtones ont perdu la vie pendant que les autorités détournaient le regard et gardaient un silence coupable. Trop souvent, lorsque nous entendons parler des peuples autochtones dans l’actualité, c’est pour relater de telles tragédies. Sans oublier les conséquences de siècles de colonisation et de racisme qui persistent encore aujourd’hui.

En effet, un trop grand nombre de personnes autochtones, tant sur les réserves qu’en milieu urbain, vivent encore dans des conditions inacceptables. Ce sont autant de cicatrices que nous ne pouvons plus tolérer. Mais à l’approche de la Journée nationale des peuples autochtones le 21 juin, rappelons-nous que les cultures autochtones ont énormément à nous offrir et à nous apprendre. Notre communauté gagnerait beaucoup à célébrer cette richesse, à briser les barrières qui nous séparent, et à les écouter davantage.

Respect, reconnaissance, partenariat

À la FGM, nous cherchons à intégrer ces enjeux dans toutes les facettes de notre travail. C’est ainsi que nous avons adopté un énoncé de reconnaissance territoriale, qui reflète la richesse de la présence autochtone sur le territoire que nous partageons. Cette reconnaissance doit toutefois se traduire dans l’action. C’est pourquoi la FGM souhaite apporter un soutien adapté aux situations particulières vécues par les Autochtones qui habitent sur le territoire maintenant connu comme le Grand Montréal.  Trop souvent, ils et elles vivent dans une situation de vulnérabilité extrême. Le travail extraordinaire des organismes spécialisés qui œuvrent auprès des personnes autochtones mérite d’être davantage reconnu et soutenu.

Plus encore, le soutien de la FGM aux personnes autochtones doit être offert dans un esprit de respect et de partenariat. Nous devons aussi reconnaître les cultures et les savoirs ancestraux. La FGM souhaite d’ailleurs s’en inspirer. Nous intégrerons dans notre vision du Grand Montréal les relations intimes d’interdépendance entre les individus, la communauté et le territoire. Nous considérerons aussi l’impact de nos actions sur plusieurs générations. Pour nous, c’est l’une des pierres que nous ajoutons à l’édifice de la réconciliation. Il doit y en avoir, et il y en aura, d’autres.

Brisons les solitudes

Rappelons-nous que la décolonisation et la réconciliation sont loin d’être terminées. Et que le racisme systémique subi par les premiers habitants de ce continent est profondément enraciné dans nos institutions, notre économie et notre culture. Depuis longtemps, les Premiers peuples lancent des appels à l’aide et nous tendent la main de la réconciliation. Ils nous offrent de partager des connaissances ancestrales qui contiennent certaines des clés de notre avenir partagé. Depuis trop longtemps, nous faisons la sourde oreille. Nous détournons le regard et nous nous réfugions dans le confort de nos privilèges. Ainsi, nous ignorons ceux et celles qui habitent ici depuis 10 000 ans.

Cette longévité devrait nous inspirer admiration et humilité. C’est en cultivant ces valeurs que nous grandirons ensemble. La réconciliation fait appel au meilleur de nous-mêmes et, en ce sens, c’est un cadeau que nous nous offrons. Un cadeau de justice et de respect envers les peuples autochtones, et envers nous-mêmes.

Karel Mayrand
Président-directeur général
Fondation du Grand Montréal