Par le biais de son Fonds Collectif Femmes Action Montréal (FAM), la Fondation du Grand Montréal soutient plusieurs organismes oeuvrant dans des domaines aussi variés que la santé mentale, les violences faites aux femmes et l’accès à l’emploi, et qui offrent des solutions concrètes aux enjeux particuliers que vivent les femmes et les filles du Grand Montréal. Dans cette série de billets, découvrez-en quelques-uns.

Le Centre d’encadrement pour jeunes femmes immigrantes (CEJFI)

En quelques mots, quelle est la mission de votre organisation ?

La mission du CEJFI est d’œuvrer à l’intégration sociale, économique, culturelle et civique des jeunes femmes immigrantes, en favorisant une approche intersectionnelle et en visant la défense de leurs droits.

En matière d’emploi, quels enjeux doit-on résoudre pour soutenir le mieux-être des femmes ?

En matière d’emploi, la pandémie a mis en évidence le rôle que jouent les entreprises dans la santé émotionnelle de leurs employés; autrement dit, lorsque les employés sont en détresse, les entreprises  en paient le prix. Avec la pandémie, le télétravail et aussi l’école à la maison, la distinction entre les enjeux familiaux et professionnels sont devenus  de plus en plus difficiles. L’épuisement professionnel, le stress et l’anxiété sont en hausse, les femmes étant touchées de manière disproportionnée. Selon les recherches, avant la pandémie, les hommes consacraient 33 heures par semaine aux obligations familiales, par rapport à 46 heures pendant la pandémie. Pour ce qui est des femmes, ce chiffre s’élevait à 68 heures par semaine avant la pandémie, et est maintenant passé à 95 heures. Les femmes qui ont des enfants doivent constamment faire feu de tous bords pour maintenir leur statut de mère exemplaire et d’employée modèle. Cette pression, souvent générée par des sentiments de culpabilité et d’échec, accroît la détresse des femmes au travail. Par conséquent, les femmes sont émotionnellement et physiquement épuisées.

Comment la communauté peut-elle contribuer à résoudre ces enjeux ?

Nous devons commencer par les entreprises qui doivent aider leurs employé·e·s à établir des priorités et à gérer leur charge de travail en fonction de leur situation personnelle.  Par exemple, si l’employée a besoin de deux heures dans la journée pour s’occuper de ses affaires personnelles, mais qu’elle reprend ses heures le soir ou un autre jour de la semaine, c’est une mesure que pourrait être raisonnable et acceptable pour les employeur·e·s. Le rendement doit être mesuré en fonction de l’efficacité des employé·e·s et non du temps passé devant l’ordinateur.

Les entreprises et la communauté doivent récompenser les comportements sains et promouvoir un équilibre de vie sain. En tant que société, nous devons cesser de valoriser la surcharge de travail. Tant les entreprises que la communauté doivent créer un climat de sécurité psychologique et ne jamais pénaliser une personne qui fait face à des problèmes de santé psychologique.

La communauté, le gouvernement et les entreprises ont un plus grand rôle à jouer. Les femmes et les minorités ne peuvent pas réaliser le changement par elles-mêmes. Les employeur·e·s, la société et le gouvernement doivent participer ensemble en modifiant les politiques, la culture et les valeurs socio-économiques et culturelles.

Comment entrevoyez-vous l’avenir ? Qu’est-ce qui vous donne espoir ?

Nous pensons qu’avec la pandémie, il y a eu un recul en matière d’égalité des sexes. Nous risquons actuellement de perdre des gains obtenus en matière d’égalité des sexes en milieu de travail. Une nouvelle étude a démontré une régression de la diversité des sexes dans les rôles de direction et sur le lieu de travail en général.

Par exemple : aux États-Unis, 25 % des femmes songent à quitter leur emploi ou à réduire leurs responsabilités professionnelles pour s’occuper de la famille. Selon une étude similaire menée au Canada : « En quelques semaines au printemps, la COVID-19 a fait reculer trois décennies de progrès dans la participation des femmes au marché du travail, ce qui risque de ralentir la reprise de l’économie canadienne par rapport aux attentes. »

En tant que organisme de femmes, la capacité à se fixer des limites est une bonne façon de faire preuve de courage et de leadership. Nous devons cesser de faire une liste de choses à accomplir dans notre journée. Nous devons nous concentrer sur la façon dont nous ajoutons de la valeur à notre professionnalisme, à notre personnalité, à notre emploi, à notre manière de partager nos réalisations ou la manière de défendre nos intérêts. Nous devons profiter du fait qu’actuellement, la plupart des gens travaillent à domicile, alors nous devons apprendre à tirer parti de ces nouvelles règles du jeu.  Nous devons nous rappeler que le réseautage, notre positionnement dans une entreprise, la mise en valeur de notre marque personnelle et la gestion de notre carrière sont plus importants que jamais.

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