Par le biais de son Fonds Collectif Femmes Action Montréal (FAM), la Fondation du Grand Montréal soutient plusieurs organismes oeuvrant dans des domaines aussi variés que la santé mentale, les violences faites aux femmes et l’accès à l’emploi, et qui offrent des solutions concrètes aux enjeux particuliers que vivent les femmes et les filles du Grand Montréal. Dans cette série de billets, découvrez-en quelques-uns.

L’INÉÉI-PSH (Institut national pour l’équité, l’égalité et l’inclusion pour les personnes en situation de handicap)

En quelques mots, quelle est la mission de votre organisation ?

Par une offre de services et de programmes novateurs, l’INÉÉI-PSH vise l’élimination de toute forme de violence et de discrimination et œuvrons pour la promotion de l’équité afin d’atteindre l’égalité de fait entre les femmes et les hommes et l’inclusion des personnes en situation de handicap de tout âge, leur genre et toute origine ethnoculturelle.

Comment les violences se manifestent-elles dans la vie des femmes que vous accompagnez ?

Les femmes en situation de handicap (FSH) , surtout celles migrantes ou racisées, vivent différentes formes de violence. Celles souvent identifiées par nos interventions sont reliées à la violence familiale ou conjugale; violence institutionnelle, racisme et capacitisme. La violence conjugale ou familiale est un élément très présent : violence psychologique et financière puisque l’agresseur est souvent le proche aidant (conjoint, membre de la famille). Il n’est pas rare que les enfants soient aussi un moyen de pression sur les victimes : souvent celles-ci ne dénoncent pas par peur de se faire enlever leurs enfants (peur de la police, DPJ, etc.). Elles peuvent souvent être considérées inaptes pour la garde des enfants en cas de séparation ou de divorce, et souvent à cause de leur handicap ou limitation.

  • Violence sexuelle : souvent les agressions sont perpétrées par des proches aidants (conjoint, préposé au bénéficiaire, relation intime, etc.). Des FSH nous ont dévoilé que certains agresseurs savent qu’elles ne vont pas porter plainte, parce que personne ne pourra les croire. Les ressources d’aide ne sont pas souvent accessibles ni adaptées et souvent les FSH ne connaissent pas leurs droits et ont peur des représailles, surtout quand l’agression est faite dans un milieu institutionnel, tel qu’un CHSLD,, une ressource pour personne semi-autonome, etc.
  • Violence financière : les FSH n’ont souvent pas accès à leur propre argent, sont contrôlées, subissent des menaces si elles ne veulent pas donner l’argent au conjoint, compagnon, membre de la famille. Le parcours migratoire joue un rôle important dans la victimisation, puisqu’elles sont souvent soumises aux dictats du conjoint et ne peuvent subvenir à leurs propres besoins ni ceux de leurs enfants. Ce qui les laisse sous l’emprise de l’agresseur.
  • Violence obstétricale : des femmes qui ont été obligées de subir des traitement non désirés parce qu’elles sont handicapées (recours à l’accouchement par césarienne, stérilisation forcée, etc.).
Comment la communauté peut-elle contribuer à résoudre ces enjeux ?

La communauté doit d’abord croire à cette réalité : les femmes en situation de handicap vivent de la violence sous toutes ses formes autant que toutes les autres femmes, sauf que pour elles les ressources d’aide et d’accompagnement ne sont pas au rendez-vous. On doit en tant que communauté offrir le soutien, l’écoute et les moyens nécessaires pour bâtir des communautés sécuritaires, égalitaires et inclusives :

  • un soutien financier pour assurer des réponses de première ligne adaptées et accessibles; une mobilisation et une responsabilité collective pour assurer des réponses durables et ne laisser personne derrière;
  • Offrir des tribunes ou des espaces pour les FSH, surtout celles migrantes ou racisées afin qu’elles soient partie prenante dans la réflexion et la prise de décisions;
  • Des emplois et du soutien financier adéquats afin de leur assurer une reprise du contrôle de leur vie une fois qu’elles ont entamé un processus de séparation conjugale. Souvent elles sont victimes de discrimination et d’exclusion, ce qui accentue la pauvreté et l’iniquité sociale;
  • Le gouvernement investit beaucoup pour la lutte à la violence, mais oublie souvent des groupes encore plus marginalisés, la communauté doit se mobiliser pour qu’aucune femme ne soit oubliée. La violence, si elle ne tue pas les femmes, est la cause de beaucoup de limitations et de handicaps chez les survivantes.
  • Se mobiliser pour la sensibilisation, l’éducation et surtout la prévention en encourageant des projets tels que ceux menés par le Fonds FAM de la FGM qui met de l’avant l’apport et l’action de groupes de la société civile qui ont un impact certain sur la société et les individus qu’ils représentent
Comment entrevoyez-vous l’avenir ? Qu’est-ce qui vous donne espoir ?

La mobilisation au niveau social nous permet d’entrevoir un meilleur avenir solidaire et inclusif, les actions d’acteurs sociaux tels que la FGM nous permettent de compter sur un apport indispensable pour l’avancement de notre société. Il faudra aussi que la mobilisation atteignent nos décideurs au niveau public et parapublic. Avoir des données statistiques selon une analyse ADS+ et intersectionnelle permettrait de compter sur des programmes et des plans d’action inclusifs répondant aux besoins des différents groupes de la population surtout les femmes et les enfants en situation de handicap. Nous voyons un avenir avec des services de prévention et de soutien psychosocial pour accompagner les survivantes et leur offrir des choix quant à leur situation, quelle qu’elle soit.

Nous travaillons à assurer des services durables par, pour et avec les personnes en situation de handicap, surtout les femmes. Nous espérons un financement récurrent des différents gouvernements, qui doivent penser la diversité et l’inclusion de tous les groupes de la population. Nous proposons des réponses durables et voulons contribuer activement au changement social pour des communautés sécuritaires, égalitaires et inclusives.

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