Histoires inspirantes
Le HUB de mobilisation pour la justice climatique
L’Espace Climat du HUB de mobilisation pour la justice climatique est l’un des récipiendaires de l’édition 2023 du Fonds Collectif pour le climat et la transition écologique de la Fondation du Grand Montréal. Suite à leur participation à ce processus de demande de financement, nous leur avons demandé de nous parler de leur expérience. Voici leurs réflexions :
La Fondation du Grand Montréal s’emploie à transformer ses pratiques selon le modèle de la philanthropie basée sur la confiance. Comment s’est passée votre expérience quant à notre processus d’application, aux échanges que vous avez eus avec notre équipe et à l’accompagnement qui vous a été offert?
Notre expérience et nos échanges avec l’équipe de la FGM ont été très positifs. Nous avons été marqués par leur ouverture et leur curiosité – il est clair que la FGM désire soutenir le leadership des organisations qu’elle soutient et apprendre à travers leurs initiatives. Le processus de demande de financement était simple et accessible, et nous avons pu avoir réponse à toutes nos questions en cours de route, ainsi qu’après l’obtention de la subvention. Nous avons eu l’occasion de faire connaître nos défis et nos obstacles à l’équipe de la Fondation, et de recevoir de leur part un soutien attentif et sans jugement – ce pourquoi nous sommes très reconnaissant·e·s.
Mis à part le manque de financement, quels sont les autres défis que rencontrent des organisations comme la vôtre?
Pour des organisations dirigées par des jeunes et issues des mouvements sociaux comme le Hub de mobilisation pour la justice climatique, il est ardu de naviguer les différences culturelles et structurelles entre le monde des mouvements populaires et celui des institutions. Le fait de recevoir cette subvention a été une grande source de motivation pour notre équipe et pour notre communauté. Cependant, lorsqu’est venu le moment de mettre notre projet en œuvre, nous avons senti ces deux mondes entrer en collision. Il a été difficile de réconcilier la tension entre notre volonté de dépenser ces sommes de manière plus efficace et informelle, en fonction des normes du milieu « grassroots », avec la réalité de devoir le faire en respectant des normes légales et organisationnelles plus structurées et contraignantes que celles auxquelles les activistes sont habitué·e·s.
En tant que directrice du HUB et médiatrice entre ces mondes populaire et institutionnel, je ressens souvent l’impossibilité de satisfaire les besoins et les souhaits des uns et des autres en même temps. Je trouve aussi difficile de faire émerger une compréhension mutuelle des deux côtés, et de communiquer les différences structurelles et culturelles entre les deux mondes. Cette charge nous épuise, moi ainsi que mes pairs, et contribue au grand nombre de burn-outs au sein des organisations jeunesse et issues de milieux populaires. Nous sentons que nous sommes perçu·e·s comme incompétent·e·s par le monde institutionnel, mais aussi que nous perdons la confiance de nos pairs parce que nous tentons de maintenir certaines normes institutionnelles. Gérer ces attentes excessivement différentes entre les deux mondes paraît une tâche quasi-impossible.
Autrement que par le financement, comment les bailleurs de fonds peuvent-ils soutenir votre travail?
Les jeunes leaders ressentent souvent la pression d’atteindre des objectifs très ambitieux avec très peu de ressources et de soutien. Il existe une idée répandue voulant que les jeunes soient très passionné·e·s et capables de déployer beaucoup d’énergie (ce qui est vrai), et donc qu’ils et elles n’ont pas besoin de beaucoup de ressources pour réaliser leurs projets (ce qui est faux). Nous avons besoin d’alliés dans le monde philanthropique qui ont la capacité de défendre et de valoriser le travail des jeunes. Sinon, nous devrons continuer à essayer de rencontrer des attentes irréalistes à notre endroit et continuerons à nous épuiser.
Nous bénéficierions aussi d’avoir accès à plus de conseils ou d’occasions de mentorat afin d’apprendre à bâtir nos organisations et à mieux gérer nos projets. Créer et normaliser ce genre de relations de mentorat pourrait aussi faciliter une meilleure compréhension entre les bailleurs de fonds et les organisations populaires et jeunesse.