Le mot de la FGM – janvier 2023

Plus du quart des adultes de la région de Montréal vivent une situation d’insécurité alimentaire, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec. Cela veut dire que plus d’une personne sur quatre, de façon chronique ou épisodique, peut avoir peur de manquer de nourriture avant la prochaine rentrée d’argent. D’autres n’auront pas les moyens de consommer des repas équilibrés ou ne mangeront pas à leur faim, par exemple.

L’insécurité alimentaire, qui est un problème de pauvreté, se voit exacerbée dans le contexte actuel où l’inflation a fait bondir le prix des aliments de plus de 10 % dans la dernière année et où le prix moyen des loyers dans le Grand Montréal a aussi explosé, comme le montrait la dernière édition des Signes vitaux du Grand Montréal.

Les ingrédients sont donc réunis pour que des ménages qui avaient déjà de la difficulté à se nourrir par manque de moyens voient leur situation s’aggraver. D’autres, malgré leur salaire ou leur bourse d’études connaîtront aussi l’insécurité alimentaire. Ainsi, selon le Bilan-Faim 2022 de Moisson Montréal, de plus en plus de familles, de personnes aux études ou en emploi vivent une précarité économique qui les mène à demander de l’aide alimentaire. Par conséquent, les organismes en sécurité alimentaire montréalais ont répondu à 25,8 % plus de demandes d’aide alimentaire en 2022 qu’en 2021.

Une démarche pour trouver des solutions

Ces organisations, la Fondation du Grand Montréal a cherché à mieux les soutenir et à comprendre les défis auxquels elles font face en pilotant de 2018 à 2020 – en collaboration avec le Collectif Récolte – la démarche Faim « Zéro » à Montréal. Cet ambitieux processus de recherche, de cartographie des enjeux et de mobilisation de l’écosystème de la sécurité alimentaire montréalais avait comme objectif d’améliorer les connaissances sur cet écosystème. Il visait aussi à favoriser des actions stratégiques concertées — de financement et sur le terrain — pour aider les personnes souffrant de la faim. La démarche a notamment permis de relever trois champs d’intervention spécifiques : les enjeux du réseau d’approvisionnement, ceux de la santé financière des organisations et, enfin, les enjeux de l’action concertée.

Deux ans après la fin de Faim « Zéro » à Montréal, quel est son héritage ? Dans un chapitre que j’ai co-signé dans l’ouvrage État des lieux sur la philanthropie subventionnaire québécoise (2022), je reviens avec mes co-auteurs sur les effets qu’a pu avoir la démarche sur la structuration du système alimentaire montréalais. Nous y soulignons notamment qu’elle a contribué à intensifier le financement des enjeux alimentaires, à réorienter le discours vers le problème de la faim et à consolider la concertation des acteurs du système alimentaire montréalais.

De la réflexion à l’action

Plusieurs organisations ont travaillé dans les dernières années à des projets concertés pour renforcer le réseau d’approvisionnement, comme ceux du volet alimentaire de Montréal en commun, le programme de la Ville de Montréal issu de sa candidature gagnante au Défi des villes intelligentes du Canada. En outre, la pandémie a accéléré dans plusieurs quartiers montréalais la mise en œuvre de projets de mutualisation. Ces derniers ont aussi favorisé l’optimisation des pratiques d’approvisionnement et de distribution.

Concernant la santé financière des organisations de sécurité alimentaire, le plaidoyer pour un meilleur financement à la mission est encore et toujours d’actualité. Dernièrement, le directeur d’un organisme réitérait dans les médias que les organisations comme le sien méritent un financement adéquat. Il soulignait que les subventions octroyées par le gouvernement du Québec à son organisation n’ont augmenté que de 2 % dans les dernières années. Dans le même temps, le nombre de personnes à aider dans son quartier a plus que quintuplé.

Enfin, en ce qui a trait à l’action concertée, le Québec a connu à la fin de 2022 un événement jamais vu. Le premier forum sur les systèmes alimentaires territorialisés (Forum SAT) a regroupé près de 400 personnes de toutes les régions et de communautés autochtones. Cet événement a mené à la publication d’une déclaration commune, qui plaide notamment pour la consolidation et le développement d’espaces de concertation « inclusifs et intersectoriels » et la création de « réseaux efficaces permettant d’échanger sur des pistes de solutions pour les régions qui font face à des enjeux similaires ». La valeur ajoutée de l’action concertée pour la sécurité alimentaire fait consensus. Il faut maintenant s’assurer que les bons leviers sont à la disposition des acteurs de l’écosystème pour qu’ils la mettent en œuvre.

Éliane Brisebois, collaboratrice spéciale
Agente de recherche, Chaire de recherche sur la transition écologique
Université du Québec à Montréal

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